Les milieux aquatiques sont le résultat d'un équilibre entre le milieu naturel et les espèces animales et végétales qui y vivent. Les lacs et cours d'eau mais aussi les zones inondables ou humides, les nappes souterraines constituent les écosystèmes aquatiques. En Guyane les milieux aquatiques peuvent être différenciés selon 4 échelles : les petites masses d’eau, les fleuves, les masses d’eau littorales et les masses d’eau souterraines.
Le réseau hydrographique du bassin de Guyane est très dense. Il est hiérarchisé selon la classification du rang de Strahler. La méthode d'ordination de Strahler permet de calculer un indicateur d’importance d'un cours d'eau, en se basant sur le niveau de ramification du Réseau hydrographique.
[accordion] [item title="Les criques et rivières (Petites Masses d’Eau)"]
Les Petites Masses d’Eau (rang de Strahler inférieur ou égal à 4) représentent près de 80 % du linéaire hydrographique. Majoritairement forestières, celles-ci représentent des eaux acides avec une faible conductivité (peu turbide en zones amonts) et relativement fraiches au regard de milieux plus ouverts, tels que les fleuves et les marais. Leur typologie varie en fonction de la nature des sols sur lesquels elles circulent.
Les criques de Guyane présentent une certaine variété d’habitats et de classes de courant (tapis racinaires, embâcles, dalles rocheuses, fond sableux, litières,….) et se caractérisent par une alternance de radiés et de mouilles. En raison du faible ensoleillement qu’elles perçoivent, la végétation aquatique y est souvent rare à l’exception de quelques espèces d’hélophytes. Ces milieux, véritables références des écosystèmes amazoniens sans perturbation, font l’objet depuis près d’un siècle de fortes pressions par l’orpaillage illégal. Ils nécessitent par conséquent une attention particulière en termes de connaissance.
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[accordion] [item title="Les fleuves"]
Les fleuves de Guyane présentent des rangs de Stralher allant de 5 à 8.
La Guyane compte 9 grands fleuves, d’Est en Ouest : l’Oyapock, l’Approuague, le Mahury, le Cayenne, le Kourou, le Sinnamary, l’Iracoubo, la Mana et le Maroni.
L’ensemble des fleuves de Guyane se jette au nord du district, dans l’océan Atlantique. Leurs débits présentent des variations annuelles quasi uni-modales avec des hautes eaux en mai et un étiage marqué en octobre. Cette tendance annuelle est toutefois marquée par une légère baisse des débits durant la période dite « petit été de mars ».
Les grands cours d'eau guyanais sont jalonnés par de nombreux sauts, plus ou moins prononcés selon la saison, alternant avec des tronçons d'eau plus calme. La présence de ces obstacles naturels entraine la création d’une large gamme de courant, qui conditionne l’établissement d’une grande diversité de substrats (différentes classes de granulométrie, zone d’accumulation de matière organique plus ou moins grossières, …). Ces zones de sauts très convoitées aujourd’hui pour leur potentiel hydroélectrique, ne disposent que peu de connaissances sur les fonctions écologiques et la biodiversité qu'elles abritent.
Il faut noter que ces milieux sont particulièrement biogènes et abritent en conséquence un grand nombre d’espèces aquatiques.
L’eau des fleuves de Guyane présente des caractéristiques physico-chimiques proches de celles des criques du fait de leur continuum. Toutefois, ces milieux plus ouverts présentent des températures globalement plus élevées (allant jusqu’à 31 degrés sur l’aval du Maroni). La turbidité tend à y augmenter naturellement en allant vers les zones estuariennes. La partie aval des fleuves de Guyane (Masses d’eau littorales) est soumise à l’influence de la marée. Celle-ci peut se faire ressentir jusqu’à plusieurs dizaines de kilomètres à l’intérieur des terres en raison du faible relief de la Guyane. Les zones fluviales les plus proches de l’océan sont également sous influence du biseau salé. Elles sont caractérisées par la succession d’une zone oligohaline, mésohaline et haline d’amont vers l’aval en fonction de leur teneur en sel.
L’influence du cycle des marées sur les fleuves et certaines criques littorales a conditionné la création de milieux bien spécifiques. Les parties aval des fleuves présentent donc une inversion quotidienne du courant avec un marnage pouvant atteindre plusieurs mètres, ce qui induit l’établissement d’organismes adaptés à ces conditions spécifiques (notamment heuryhalin). Le substrat y est dominé par des dépôts limoneux. Les zones de transition, qui sont des milieux particulièrement riches du point de vue de la biodiversité, font l’objet de nombreuses pressions anthropiques.
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[accordion] [item title="Les zones humides"]
On appelle « zones humides », des étendues de marais, de fagnes, de tourbières ou d’eaux naturelles ou artificielles, permanentes ou temporaires, où l’eau est stagnante ou courante, y compris des étendues d’eau marine dont la profondeur à marée basse n’excède pas six mètres» (source : Convention Internationale sur les zones humides a été signée dans la ville iranienne de Ramsar le 2 février 1971).
Les zones humides sont des zones de transition entre la terre ferme et l’eau libre. Leurs caractéristiques principales sont :
- la présence d’eau douce, saumâtre ou salée ;
- un sol saturé en eau ;
- La présence d’espèces animales et végétales caractéristiques des milieux humides (roseaux, amphibiens…).
Elles sont reconnues d’importance majeure au niveau mondial. Elles remplissent de nombreuses fonctions écologiques, hydrologiques mais aussi socio-économiques. Elles assurent, entre autre, la régulation des cours d’eau (réduction des crues, soutient du débit d’étiage), jouent un rôle épurateur, et sont le refuge d’une grande biodiversité faunistique et floristique. Elles fournissent également des niches écologiques permettant la reproduction et l’évolution de nombreuses espèces animales d’intérêt patrimonial.
Les zones humides sont une interface entre les eaux de surface et eaux souterraines. Elles rendent un grand nombre de services écosystémiques envers la qualité de l’eau des milieux aquatiques qui leurs sont associés.
Toutefois, les connaissances dont nous disposons actuellement, envers ces milieux, restent encore parcellaires. De nombreux travaux restent à faire afin de mieux caractériser leur fonctionnement et leur dynamique spatio-temporelle.
Le territoire Guyanais renferme de nombreuses zones humides, qui se concentrent en grande partie sur la frange littorale.
Trois d’entre elles sont labellisées RAMSAR. Les cordons sableux de la plaine côtière, parallèles au rivage, témoignent de fluctuations du trait de côte. Ils sont actuellement couverts d’une forêt en chenier et marquent généralement la limite de grands marais et de savanes côtières.
Les différentes typologies de zones humides recensées sur le territoire guyanais sont les suivantes :
- les zones intertidales, vasières et mangroves mobiles,
- les marais saumâtres d’arrières mangroves,
- les marais arbustifs ou herbasses de la zone côtière,
- les savanes inondées,
- les bas-fonds,
- les forêts inondées.
La journée mondiale des zones humides :
Chaque année (le 2 février), nous célébrons la journée mondiale des zones humides pour commémorer la signature de la Convention sur les zones humides,. C’est l’occasion de sensibiliser les citoyens à la richesse des zones humides et à la nécessité de préserver ces milieux.
Les forêts de mangrove sont des écosystèmes très productifs, qui stimulent les cycles du carbone et des nutriments des zones côtières, fournissant des services socio-économiques et écologiques très importants.
En Guyane, la formation des mangroves est soumise aux perturbations sédimentaires récurrentes le long du littoral guyanais, suite aux apports massifs en provenance de l’Amazone. Cinq faciès de mangrove s’établissent ainsi successivement :
- le banc de vase exondé,
- la mangrove pionnière très productive,
- la jeune forêt,
- la forêt mature ;
- la forêt sénescente.
Une fois adulte, les mangroves stabilisent la côte ; mais à chaque nouveau cycle d’érosion, les forêts sont détruites. La biodiversité benthique joue un rôle clé dans le maintien de la production des mangroves à travers les activités de la bioturbation.
Les premières données acquises sur le compartiment benthique, indique que celui-ci est adapté à ces phases successives de stabilité et d’instabilité sédimentaires, avec des peuplements pionniers et une faible richesse spécifique. La capacité de résilience des mangroves de Guyane, est l’une des clefs de la structuration et du fonctionnement de l’écosystème.
En retrait de la côte, échappant à la dynamique littorale, s’installent les mangroves estuariennes. Leur diversité est légèrement supérieure à celle des mangroves côtières, avec l’apparition de palétuviers rouges, des moutouchis-rivière et de grands palmiers ripicoles (pinots, palmier bâches).
Progressivement avec l’altitude et les premiers sauts, l’influence des marrées s’estompe et la mangrove fluviatile laisse place aux forêts galeries ou ripicoles.
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[accordion] [item title="Les marais"]
Les marais à végétation herbacée représentent les formations végétales ouvertes dominantes de la plaine côtière récente.
Les marais les plus répandus, sont dominés par des cypéracées ou par des fougères. Ils peuvent être plus ou moins parsemés de fourrés ou de bouquets d’arbres, dont les plus fréquents sont les pruniers zicaques, le moutouchis et les moucou-moucou.
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[accordion] [item title="Les savanes"]
Les savanes sont des communautés mixtes d’arbres et d’herbes, dont la structure n’est pas stable dans le temps et l’espace. Elles se développent lorsque les conditions du sol où des perturbations récurrentes empêchent l’installation de la forêt. En Guyane, les savanes représentent une infime superficie du territoire (0,3%), ce qui les rend extrêmement sensibles à la forte pression anthropique auquel fait face le littoral. 762 espèces de plantes y ont été recensées (étude GEPOG 2012), ce qui représente 16% de la richesse floristique du territoire, avec un fort endémisme.
Le terme générique de savane englobe une multitude de biotes parmi lesquels un certain nombre constituent des milieux aquatiques temporaires, à savoir :
- les mares et fossés de savanes,
- les bas-fonds de savanes et ceintures de pripri
- les savanes inondables rases ou hautes
Les savanes inondables, au même titre que les bas-fonds, constituent des milieux aquatiques en saison des pluies en raison d’apports massifs d’eau par ruissellement. Ils sont alors colonisés par des espèces aquatiques qui viennent s’y nourrir et s’y reproduire.
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